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Scie musicale

Origine et production et joueurs de scie : c’est une lame élastique en vibration ou un trapèze d’acier rendu sonore par le frottement d’un archet ou le choc d’un maillet ; un xylophone dont les lames sont solidaires et de nombre infini. Selon la grille d’analyse de Sachs et von Hornbostel, musiciens allemands du début 20ème la scie se classe parmi les idiophones ou auto-phones, instruments dont le son est issu de la substance de l’ instrument lui même. Il n y a ni corde, ni membrane, ni vent.

• Définition de l’internaute

 

Origines

L’origine de la scie semble être américaine. On trouve au Canada des scies du 19ème siècle dans les musées. Les documents de la firme Mussehl and Westphal, firme crée en 1921, disent qu’un bucheron des monts Appalaches aurait fait chanter sa scie égoïne. Puis la scie aurait été allongée pour donner plus de notes.

Mais en conservant toujours son dessin égoïne, dessin qu’elle a conservé depuis, jusque dans sa poignée et ses dents. Or elle était un instrument de musique folk. Son usage s’est répandu, popularisé par les artistes Weaver Brothers entre 1920 et 1940.

Puis l’arrivée du disque dans les années 30 ont ralenti son usage. Et les prix de l’acier avec la guerre de 1940 ont causé la fermeture de ses fabricants. On lit avec surprise que la production dans les années 30 aux États Unis  était de 25 000 unités par an ce qui semble fortement exagéré si on se réfère a la production actuelle en Europe.

• Musée virtuel

 

Production

Aux États-Unis il y a trois producteurs, chacun produit des scies de 3 longueurs différentes : scies alto de 22 pouces,  ténor ou mid de 26 pouces,  basses de 30 pouces. Ce sont les longueurs des lames seules. Toutes ont la forme égoïne avec de petites poignées préhensibles imitant la poignée bucheron. Ce que je critique fermement car la poignée bucheron ne tient pas entre les cuisses .

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Un autre fabriquant a  proposé en 2012 une scie avec prise électrique pour le son la  » Jackson saw ou electric saw « .

Au Canada il y a Marc Saint Pierre. En Allemagne Feldman, en Suède Bahco qui fait les Stradivarius, en France Alexis (de très bonnes scies) et votre serviteur, en Angleterre Thomas Flinn and Co. je n’ ai pas connaissance de fabriquant en Suisse ni en Belgique.

• Musical saw
• Mussehl & Westphal

 

Formes

Toutes les scies ont la forme traditionnelle : scie égoïne forme bucheron à angle droit. On joue sur le petit coté , avec un acier non inoxydable, des poignées bois petites et qui glissent entre les cuisses. Toutes les scies, non. Il se trouve qu’un joueur français Jacques Keller est l’auteur d’un brevet no 803705  délivré le 15:07:1936 qui critique cette forme et propose 4 revendications.

Keller recommande : un dessin de forme isocèle, une découpe dans le sens du laminage, une poignée de grandes dimensions. Plus une fixation hermétique de la lame dans la poignée. Une fixation par 3 rivets dont un au milieu.

Enfin il lui donne un nom : la lame sonore. Une des premières lames sonores a été adoptée par un grand joueur Emmanuel Brun, et la joueuse mondialement connue Natalia Paruz l’utilise. Elle utilise une scie française de marque Clavero marque déjà ancienne dont on trouve parfois des exemplaires sur leboncoin.

Or il semble que ce dessin Keller donne de meilleures basses. Essayer une découpe transverse ? Comment les barrettes métal du xylophone sont elles découpées ? Pourquoi l’auteur ne parle t il pas de l’acier ? Pourquoi les fabricants étrangers boudent ils ce brevet ? A mon avis parce que leurs catalogues, leurs découpes, leurs stocks sont ainsi et que le marché étant modeste on ne va rien changer.

 

Les joueurs

• Une joueuse célèbre Marlène Dietrich jeune artiste allemande en 1927 a joué dans un film Electric Kafé. Puis a emmené sa scie aux États Unis et a continué a jouer dans des films. En 1944 elle a joué en Europe pour soutenir les soldats américains. Les mauvaises langues disent qu’elle y voyait l’occasion de montrer ses jambes (et alors ?).

• En France l’humoriste Raymond Devos avait un bref et modeste moment de scie musicale sur scène.

• Maurice Dalle, agriculteur, a largement contribué, à notre époque, à perfectionner le jeu de la scie musicale et donc à la faire connaître positivement:

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Signalons Emmanuel Brun (pour moi, l’un des meilleurs joueurs !). Il a joué devant Yehudi Menuhin et a enregistré des vynils et cassettes  » Magie de la scie musicale « .

• Sam Letrône, cuisinier de métier était un artiste complet: il présentait notamment un numéro de poules qui pondaient sur commande. Il jouait de la scie musicale avec beaucoup d’émotion.

C’est grâce à lui que je joue aujourd’hui de la scie musicale, car il jouait debout et, après l’avoir rencontré, j’ai adopté sa technique !

• Grégoire Blanc est impressionnant de justesse et virtuosité, aussi bien à la scie musicale qu’au theremin:

• Gladys Hulot (qui a ses premiers contacts avec la scie musicale avec moi, lors d’une rencontre dans un marché de Noël de Reims, où je jouais de la harpe de verre…) a un geste très fin et précis. C’est une artiste dessinatrice extrêmement douée comme musicienne autodidacte. Elle joue maintenant aussi bien du theremin que de la lame sonore.

• Annette Scholten, est une des rares musicienne professionnelle à jouer de la scie musicale. Elle est violoncelliste et habite en Hollande. Elle a fait mettre au point un système de fixation de la lame sonore qui en facilite le jeu:

• Ecoutez Andrea, rencontré lors d’un festival de scie musicale à Vienne. Ce jeune homme vivait de ses prestations en rue de scie musicale, qu’il joue avec justesse et expressivité. C’est le meilleur que j’ai eu l’occasion de rencontrer et écouter en vrai:

• Aux Etats-Unis, la scie musicale est connue avec Natalia Paruz qui y est très active. Elle joue dans le métro de New York, dans des films et concerts mais fait vivre aussi un festival annuel. Son style est ardent et son poignet  gauche a un mouvement très personnel. En outre elle a une version de Delicatessen très fidèle à la version du film.

 

Répertoire

La scie est peu répandue dans le répertoire académique . On cite Dmitri Chostakovitch dans 2 opéras, Haram Khatchatourian dans un concert, et Arthur Honneger dans Antigone en 1924. Il a préfacé le livre de Jacques Keller « la lame sonore « étude mélodique éditions Henri Lemoine 1950.

Le film de Jeunet et Caro Délicatessen (en Français pâtisserie) de 1991 met en scène un joueur de scie et une violoncelliste rendus complices par la musique. A noter que ce n’est pas le comédien qui joue mais il imite assez bien le geste (sur une scie rouillée ! ).

Enfin il existe une association musicale internationale saw IMSA qui se réunit en Aout en Californie. En France l’association Andials réunit de nombreux joueurs.

Sur la vibration de lames élastiques voir M E Mercadier dans HAL archives-ouvertes.fr

 

Jouer parfaitement ?

Chaque note doit être parfaite : il faut fabriquer la note on n’est pas sur un piano. Un écart dans la position de la main gauche, un ton ou un demi ton ou un quart de ton : les virtuoses font des petites erreurs. Par exemple un archet un peu en retard, une relance vers les aigus un peu faible, un rythme relâché.

Et puis il y a cette plaie de la scie : le bruit parasite de l’archet sur le métal. Les crins de l’archet  lorsqu’ ils retouchent le métal provoquent un « dzing » fort gênant pour l’oreille  dans les graves ou la vibration est de grande amplitude. Il est étonnant de voir que le joueur étant habitué ne s’en rend pas compte et ne cherche plus à éviter ce son parasite.

Mais Il y a 3  remèdes à ce bruit : jouer « léger « , mais c’est parfois frustrant, ou bien jouer avec un archet ayant perdu presque tous ses crins. La surface crins -métal étant plus réduite le bruit parasite est moindre. Ou bien jouer en inclinant l’archet pour ne frotter qu’avec une partie des crins. Je reconnais que la perfection est difficile à  atteindre .